POPIA CHERBUCIO
Le château de Quéribus est un incontournable de l'Aude. Situé tout au sud du département, formidable solitaire, gardien sublime d'anciennes
frontières face aux Pyrénées.De loin, il n'est pas évident de l'apercevoir,
tant il se confond avec la roche sur laquelle il s'est agrippé.
Avant d'atteindre Quéribus, il faut
passer par un village réputé
pour les sermons de son curé : Cucugnan.
Suite à la Croisade contre les Albigeois, le seigneur de Cucugnan se soumet à Saint-Louis en 1241. En 1258, la nouvelle frontière entre le royaume de France et celui d'Aragon est fixée dans les Fenouillèdes, par le Traité de Corbeil. Cucugnan se trouve alors dans une zone tellement peu sûre que le village est détruit fin du XV ème siècle. Au siècle suivant, le nouveau Cucugnan se construit au dessous du village médiéval dévasté.
Le moulin à vent de Cucugnan : Propriété du seigneur juqu'à la révolution, il est en ruine en 1838, puis réhabilité en 2003, il indique une activité agricole centrée sur les céréales jusqu'au XIX ème siècle. L'élevage de chèvres et de moutons complétait cette activité.
cliquez sur les images pour les agrandir
Continuons notre route, et déjà, à ce moment on se pose des questions sur la prouesse architecturale, sur la maîtrise parfaite des techniques de construction.
Nécessité fait loi, bien sûr. Il fallait contrôler une région
et bien choisir son emplacement. Mais quand même, quelle audace.
D'ailleurs, je pense qu'audace irait parfaitement comme surnom de ce château.
De ce point de vue, on voit bien le mélange entre la roche et le château,
comme s'il sortait du piton calcaire.
Formidable solitaire, gardien de frontières, les premières mentions
de Quéribus remontent à 1020, sur le testament du Comte de Bésalu,
Bernard Taillefer. Quéribus s'appelait alors :
Popia Cherbucio.
En 1111, Quéribus tombe dans l'escarcelle du Comte de Barcelone,
qui devient Roi d'Aragon (Nord-Est de l'Espagne actuelle).
Le rôle de Quéribus était de contrôler le nord de l 'Aragon.
Château cathare n'est donc pas une "appellation contrôlée" de la plus grande pertinence. L'expression "château du Pays Cathare" me semble plus appropriée. En effet, cette forteresse n'a pas été contruite par des Cathares, qui ne s'appelaient pas ainsi à l'époque, ni pour eux, on l'a vu. La construction de Quéribus est antérieure à l'épisode dramatique des Parfaits en Languedoc.
Pourtout savoir plus sur le "catharisme" cliquez ici :
La croisade contre les Albigeois a duré de 1208 à 1249,
menée par Simon de Montfort, et a permis à Saint-Louis de faire main basse sur le Languedoc.
Nous sommes aux pieds de Popia Cherbucio.
Les différentes parties du château sont déjà bien visibles.
Pendant cette fameuse croisade, Quéribus a servi de refuge aux Parfaits avec Benoît de Terme. Il y mourra en 1241.
Après avoir gravi un chemin à flanc de promontoire, on ne peut que s'arréter un
instant et lever la tête pour admirer cette verticalité sur fond de ciel bleu, où passe un léger et minuscule nuage.
Quéribus est le dernier bastion de la résistance des "hérétiques" à tomber face aux attaquants français de Saint-Louis, en 1255, soit six ans après la fin de la croisade contre les Albigeois.
Après le Traité de Corbeil en 1258, Quéribus quitte l'Aragon pour aller en France, et surveille son ancien maître.
Devenu un élément important des défenses françaises, il devient alors un des "cinq fils de Carcassonne", ville commandant ce sytème de défense. Les quatre frères de Quéribus sont : Aguilar, Peyrepertuse (en face de Quéribus), Puilaurens et Terme.
Dans un endroit naturellement très étroit, a été construite la porte d'entrée. L'étroitesse étant la
garante d'une meilleure défense.
Promenons-nous sur le chemin de rondes.
Pour conquérir Quéribus, il a
bien fallu le détruire en partie.
Une fois propriété du Roi de France, il faut donc le remettre en état,
ce qui est fait au début du XIV ème siècle.
Ici, se trouvaient des salles voûtées, dont il ne reste que les murs. Les sols étaient dallés. A droite, de la terrasse, cette salle se trouve au-dessus d'une citerne, et à gauche, d'autres salles allant vers des échauguettes. C'est chouette.
Le château était équipé de deux citernes, éléments importants
de la vie des quelques 15 à 20 soldats occupant Quéribus.
En 1659, un nouveau
traité, celui dit des Pyrénées,
fixe les nouvelles frontières du royaume, plus au sud.
Les Pyrénées deviennent des "frontières naturelles" et Quéribus perd tout intérêt.
Cette partie imposante de Quéribus est le logis du Châtelin.
A droite, la tour abrite un escalier à vis.
Par cette ouverture, un aperçu du célèbre voisin, le château de Peyrepertuse.
En résumé : occupation romaine du site dès le premier siècle.
Première mention du Perapertusès en 1070. Il appartient en 1111 au comte de Barcelone, puis devient un fief de la Vicomté de Narbonne.
Au cours de la croisade contre les Albigeois, en 1224, Guillaume de Peyrepertuse refusant de se soumettre est excommunié. Le château échoit à Saint-Louis en 1240.
Son destin est comparable à celui de Quéribus.
De la cour du logis du châtelain, on aperçoit cette baie à meneau cruciforme. En-dessous, trois archères,
comme on savait si bien les faire en ce temps-là. Cette baie est orientée au sud, sud-ouest. On voit à l'intérieur un mur en travers et le plafond en voûte.
Avis aux passionnés : trois enceintes protègent Quéribus.
De la première à la troisième, les différents styles d'ouvertures et d'appareil des murs indiquent plusieurs périodes de constructions qui s'étalent sur quatre cents ans.
Par l'escalier interne de la rour, on accède au logis du châtelain. Il pouvait
ainsi admirer sa baie à meneau de l'intérieur et tout le panorama. Située dans le donjon qui domine l'ensemble, au point le plus haut de la troisième enceinte, se trouve la grande salle
gothique à deux niveaux comprenant une cave et la salle principale.
La baie permet l'éclairage de cette salle.
Attention à la suite.
Une prouesse architecturale va surprendre vos esprits blasés.
C'est un des joyaux de Quéribus.
Le pilier massif, qui supporte un magnifique voûtement, est fortement excentré.
Les nervures de la croisée d'ogive
Les croisées d'ogives dont on ne se lasse pas.
En plus, "l'architecte" a réussi a y caser la cheminée. C'est le trou en haut à droite.
Une vue d'ensemble de ce plafond exceptionnel.
Admiration.
Une autre sensation forte de Quéribus se situe à 728 mètres de haut.
Tout en haut du donjon, une plateforme avec tables d'orientation a été aménagée.
De cette plateforme, on profite d'une vue sur 360 degrés. Ce qui, pour un château devant contrôler une région, est fort appréciable.
Ici, c'est jusqu'à la mer que porte le regard.
Ici, je jette un oeil plein sud,
mais onques ost en galoppade jusqu'àux Pyrénées.
Là, une vue sur le château voisin, un des cinq fils de Carcassonne : Peyrepertuse.
Lui aussi est perché en haut d'une crête, bien intégré dans son environnement, au point d'être presque invisible. Une autre prouesse des constructeurs d'alors.
Il est plutôt à droite de cette falaise transversale. Regarder l'image en plein écran.
Vue imprenable plein sud.
Profitant de sa position élévée,
Quéribus surveille toujours les Corbières, le Fenouillèdes et la plaine du Roussillon.
En quittant le château de Quéribus, on ne peut manquer de s'imprégner encore des défis extraordinaires que les constructeurs ont maîtrisés.
On ne peut manquer d'admirer cette fois ces fantaisies géologiques
Et quand la nature s'amuse à sculpter des formes de visage dans la roche,
avec un oeil, le nez et la bouche nettement dessinés ...
avec la petite mêche de cheveux, certes vert, sur le dessus.
Une dernière image de l'environnement de Quéribus.
L'auteur, satisfait de sa visite.
Quéribus est classé monument historique depuis 1907.
Des travaux importants et constants de restauration sont entrepris depuis une dizaine d'année.
Ils ont permis de dégager l'ouvrage, de le sauvegarder, de le consolider, de reconstruire des parties manquantes et surtout de mettre en valeur les différentes parties du château : logis,
casernement, citernes, enceintes, écuries, chemins de rondes, et bien d'autres encore.
N'oubliez pas de cliquer sur les photos pour les
agrandir
Commenter cet article
Vincent 10/01/2011 22:59